Vision de l'astrologie védique
Jyotish né à l'ère du Satya Yuga
Si vous vous intéressez à l’astrologie, vous savez déjà que Jyotish est une science et un art qui remontent à la nuit des temps. Et vous savez aussi que l’astrologie a été partagée par différentes cultures anciennes à l’époque où la vision du monde était moins matérialiste et rationnelle qu’elle ne l’est depuis le 17ème siècle. L’astrologie s’est notamment répandue en Égypte, dans l’ancien Empire Perse, dans l’Europe médiévale et bien sûr en Inde à l’époque védique.
Il est certain que les courants astrologiques de ces époques reculées se sont développés au travers d’influence réciproque ; du moins jusqu’à un certain point. Ce qu’on appelle aujourd’hui, l’astrologie occidentale a fini par se distinguer en utilisant le zodiaque tropical alors que l’astrologie védique a pérennisé son système basé sur le zodiaque sidéral.
Voir les deux grands systèmes astrologiques et la précession des équinoxes
ou visionner ma vidéo « Zodiaque tropical vs zodiaque sidéral« .
La vision de l’astrologie védique prend donc ses racines, comme son nom l’indique, à l’époque védique. C’est l’époque qui a vu naître les 4 grandes écritures de l’Inde ancienne, les Vedas. Les Vedas sont des hymnes sacrés, qui ont été entendus par les sages, qui étaient souvent considérés comme des saints. Veda signifie « connaissance ». En fait, il fait référence à la connaissance de la vérité, de la vérité absolue, de la vérité du Soi et des mystères sous-jacents de l’existence.
Les Védas ont été écrits alors que l’ère du Satya Yuga ou « Age de la Sagesse » touchait à sa fin et que la tradition orale risquait d’être compromise.
Cette connaissance retranscrite a ainsi pu traverser les âges et, les Vedas sont, aujourd’hui encore, reconnus comme étant l’incarnation de la sagesse divine.
Parmi six traités annexes aux Vedas qui mettent l’accent sur la compréhension et la bonne interprétation des Vedas, le traité sur l’astronomie et l’astrologie s’appelle Jyotish. Jyotish signifie littéralement lumière et Dieu suprême ou Seigneur.
Jyotish est donc par essence la science de la lumière divine. Elle a donc pour objectif d’éclairer la perception humaine en révélant aux hommes l’impact des corps célestes sur nos vies au cours de leur ronde cosmique.
Pour comprendre la vision védique, cela implique de reconnaître que toute chose dans cet univers émane d’un Dieu au sens de conscience suprême ou Para Brahman. Et que cette conscience suprême réside en toute chose à des niveaux plus ou moins développés. Elle est totalement présente dans l’homme, et c’est ce qui fait de lui la créature la plus évoluée sur Terre. Car ce qui distingue l’humain des autres créatures, c’est son libre arbitre. Chaque être humain a la capacité d’utiliser son libre arbitre, au cours de sa vie, ou je devrais plutôt dire au cours de ces multiples vies. Et in fine, il peut l’utiliser pour chercher à révéler pleinement cette conscience suprême déjà présente en lui.
Ce qu’il faut retenir ici c’est que la vision védique est une vision holistique qui établit que l’Un, le Tout se trouve en essence dans la multitude de choses manifestées sans en être séparé fondamentalement.
Pour préciser un peu plus et toujours selon la vision védique, la conscience ou esprit est appelée Purusha. Lorsque l’esprit prend forme, on l’appelle prakriti. C’est-à-dire, lorsque Purusha prend forme on l’appelle Prakriti. Prakriti est la forme ou l’état original ou naturel de quelque chose, la substance originale ou primaire. Chaque chose manifestée en tant que prakriti est donc une expression de purusha. C’est la matière exprimant l’esprit. Ce monde de matière exprimant l’esprit est formé par les 5 éléments qui, en allant du plus grossier au plus fin, sont :
La Terre, l’Eau, le Feu, l’Air et l’Ether (espace)
Ces éléments sont donc les composantes de base des sciences védiques. Leurs propriétés donnent les différents archétypes qui sous-tendent tous les aspects de la pensée védique.
On retrouve bien sûr cette idée des 5 éléments dans les 3 sciences védiques les plus connues aujourd’hui. Ce sont l‘Ayurveda, le Yoga et l’Astrologie védique.
Les sciences védiques se basent aussi sur un autre concept, celui des gunas. Les gunas sont les qualités premières issues de la prakriti ou Nature fondamentale dont j’ai parlé plus tôt. Littéralement le mot Guna signifie, « un brin d’une corde ou d’un cordon ». Les trois gunas de Prakriti sont définis comme trois brins entrelacés de la corde contraignante de la Nature. Par ce moyen, Prakriti maintient en servitude tous les êtres incarnés. Car ce sont les gunas qui nous lient à l’illusion que nous sommes simplement une créature physique et mentale.
Les planètes en tant qu’objets manifestés de l’Univers sont également sous l’emprise des gunas. C’est ce que met en lumière Parashara au début de son ouvrage, le Brihat Parashara Hora Shastra dont vous trouverez la traduction des 4 premiers chapitres sur mon site. Alors, voilà ce qui est dit, je cite : « Le Seigneur non-né a beaucoup d’incarnations. Il s’est incarné sous la forme des 9 planètes pour donner aux êtres vivants les résultats dus à leurs Karmas. Il est Janardana (celui qui récompense les actions passées) ». Ce qui est ici signifie bien que les planètes en tant qu’incarnation du Purusha, sont soumises comme toute chose incarnée, aux gunas et que leur rôle est clairement ici de rétribuer leurs karmas à tous les êtres vivants selon leurs caractéristiques propres.
Les trois gunas
Ils se nomment : Sattva, Rajas et Tamas et sont présents en proportions différentes dans tous les objets manifestés qu’ils soient visibles ou invisibles. Les 3 gunas sont donc les qualités constitutives des mondes physique, mental et spirituel.
Sattva est la qualité qui se rapporte à la connaissance et à la pureté. Rajas fait référence à l’activité et aux désirs. Tamas contient le principe d’inertie et d’ignorance.
Vous l’avez sans doute compris, aucun de ces trois gunas n’existe séparément. Chaque chose que nous percevons dans ce monde, qu’elle soit tangible ou subtile donc, est le résultat d’une combinaison de ces trois qualités. Dans les êtres humains, c’est la même chose. Le corps, la personnalité et le mode d’action que chacun manifeste reflète le degré de prédominance de l’un ou l’autre. Cette prédominance va aussi varier en fonction de la journée ou des situations.
C’est ce qui permet de comprendre pourquoi en astrologie védique, chaque planète qu’on appelle en Inde graha, en tant que corps céleste exprimant l’esprit, porte en elle la même conscience unique mais l’exprime selon des modalités propres à sa nature manifestée, et ceci sur les plans physique, subtile ou symbolique.
Ainsi, par exemple, Jupiter est sattvique, Vénus est rajasique et est Saturne tamasique.
Ce concept s’applique également aux signes. Par exemple, le signe du Bélier est rajasique, la Vierge tamasique et les Poissons sont sattviques.
Donc on peut dire que l’influence des planètes sur nos vies tient non seulement à leurs propriétés physiques et énergétiques en tant que corps physiques cosmiques mais aussi à leurs natures conscientes intrinsèques et universelles. C’est par ce lien qui nous unis aux planètes que nous ressentons leurs influences sous forme de concepts et de symboles, de pensées et de sentiments, d’émotions et de perceptions. Tout cet ensemble corps/mental/esprit vit en résonance avec les planètes tel que fixé au moment de notre naissance et définit ce que nous sommes dans la vie et ce que seront nos expériences. Autrement dit, les planètes résonnent en nous et nous influencent depuis le cœur de notre conscience et activent nos karmas selon une chronologie temporelle repérable dans un thème natal.